"Entre la soumission au chef de gang au mépris de l'État, les riverains ont tranché."




La fédération des bandes armées qui font la loi en Haïti n'est  pas datée d'aujourd'hui. Cependant, la cruauté avec laquelle ils exercent ces jours-ci est plus que révoltante. C'est à eux de décider qui vit et qui périt, l'État est inéxistant, créant par la suite une brèche dans le système sécuritaire du même coup, cela a fait de la Police une institution impuissante face à eux. Livrée à leur merci dans certains quartiers tant sur le plan alimentaire que sécuritaire, la population est contrainte de choisir leur cohabitation ce qui les rend à la fois victimes et complices. 

De l'année 2010 allant à 2021, le phénomène de gangstérisation a connu un essor phénoménal en Haïti. Le banditisme est tellement flagrant en Haïti,que les résidents le côtoient presque quotidiennement. D'où leur besoin de protection. Lors de ces derniers mois, on constate que presque chaque quartier à son lot de gangs. Il n'existe quasiment plus de quartiers résidentiels, "Fesah" en est l'exemple. Et malgré l'intervention qu'il y a eue récemment à Laboule 12, ils y sont revenus. 

Jean Delumeau nous dit "La plus grande pulsion n'est pas la libido mais le besoin de sécurité" . Naissant dans un pays où l'on est forcé journalièrement d'en chercher, qu'elle soit alimentaire, physique, économique, sentimentale, sociale, etc.. Certains sont forcés d'en trouver là où il n'aurait pas dû: auprès des gangs.

Paru dans certaines zones populeuses suite aux pressions environnementales que les jeunes subissaient, des petits groupes appelés "Baz" s'émergaient. Et dès lors, lorsqu'il y a des duels entre eux, armés d'un bâton, des pierres et parfois des machettes, ils se faisaient respecter. Puisqu'en ce moment, tout ce qui leur importait, c'était le besoin d'une protection physique, car la précarité économique n'était pas aussi dégradante comme elle l’est aujourd'hui. À noter qu'on dénombrait des voleurs dans la capitale, mais qui le pratiquaient avec inquiétude. Car d'une part, ils avaient peur de la Police, d'autre part, ils savaient à quoi ils devraient s'attendre s'ils se faisaient prendre par une population qui était solidaire.

Cependant, à mesure que la précarité liée aux besoins alimentaires s'intensifie, avide d'espoir, ces mêmes jeunes qui faisaient partie de ce qu'on appelait "baz" au paravant, qui fut une forme de gang pacifique et d'autres, qui sont le plus souvent des enfants de rues, acceptent les armes et munitions des politiciens haïtiens et des gens du secteur privé en leur rendant des services pour un mieux-être associé à plus de respect.

Par conséquent, l'utilisation des gangs armés en Haïti est un outil incontournable pour les politiciens qui veulent être élus ou jeter un autre et pareillement pour les membres du secteur privé. Qu'ils soient du gouvernement ou de l'opposition, ils ont tous eu recours au moins une fois. Il n'y a pas trop longtemps de cela, l'ancien chef gang de Savien, Odma avait fait mention lors d’une interview, que sa première arme lui a été donnée par un ancien député, afin que celui-ci détruise à sa guise un bureau de vote. Et du côté du secteur privé, l'un des hommes d'affaires le plus influent en Haïti n'a pas omis de dire qu'il travaille avec des chefs de gang connu à Cité Soleil. Qu'il appelle"agent de développement".

Appuyés et protégés par des hommes sans scrupules de la vie politique et économique, travaillant à leurs soldes, les gangs bloquent l'accès à certaines régions de la capitale en toute quiétude, commettent des exactions, font des manifestations populaires.

Confrontés à cette situation lamentable, dans les zones dites, de "non-droit" certains se voient plier à certaines exigences,comme la rançon qui est l'une des nombreuses pratiques familières, pour plus d'un, c'est l'impôt versé aux maires, de celui-ci qui est en l'occurence les chefs de gang. À défaut d'être à leur guise les habitants s'accommodent contre leurs grées afin de pouvoir survivre ou de garder ceux qu'ils possèdent comme bien matériels dans la zone.

En dehors du terrain, plusieurs jugent, condamnent toutefois, quelles prérogatives existen-elles à une population qui n'a guère confiance en sa Police ? Et que devraient faire une famille qui a tout investi comme ressource économique dans une zone faite de non-droit par les gens cités ci-dessus ?

Auteur: Mervil john Gérald Stanley 

Cp:Haïti Libre

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